
Un forum pour l'emploi organisé à Sunrise en Floride, le 30 avril 2025 ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / JOE RAEDLE )
Le marché du travail aux Etats-Unis commence à se montrer un peu moins vigoureux mais est encore loin d'atteindre la cote d'alerte, selon des chiffres officiels publiés vendredi qui ont ravi l'exécutif américain.
Le mois dernier, la première économie mondiale a créé 139.000 emplois.
C'est moins qu'en avril (147.000, chiffre nettement révisé à la baisse), mais plus que ce qui était envisagé par les acteurs de la finance (autour de 125.000, selon le consensus publié par MarketWatch).
Le taux de chômage est resté inchangé, à un niveau considéré proche du plein emploi (4,2%).
Quant aux salaires, ils ont progressé un peu plus que ce qui était anticipé par les analystes, de +0,4% sur un mois (contre des projections à +0,3%).
"Des supers chiffres de l'emploi, la Bourse monte ! Et en même temps, des milliards arrivent grâce aux droits de douane !" s'est réjoui, en lettres majuscules, le président américain Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, qualifiant l'économie de "bouillante".
Il a une nouvelle fois appelé la Réserve fédérale (Fed) à baisser ses taux d'intérêt qui guident les coûts d'emprunt, y compris pour rembourser la gigantesque dette publique américaine.

Le président américain Donald Trump au balcon de la Maison Blanche, le 4 juin 2025 à Washington ( AFP / Brendan SMIALOWSKI )
Il a précisé vouloir une réduction significative et rapide, d'un point. Les taux sont dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% depuis décembre. Une baisse d'un point les porterait entre 3,25% et 4,50%.
"Cela réduirait beaucoup les taux d'intérêt à long et court terme sur la dette" américaine, a poursuivi le chef de l'Etat, en s'en prenant une nouvelle fois au président de la Fed Jerome Powell dont la politique coûte selon lui "une fortune à notre pays".
Les responsables de la banque centrale des Etats-Unis ont toutefois montré ces derniers temps qu'ils étaient avant tout concentrés sur le risque de déraillement des prix, en raison des droits de douane massifs que le président a lui même mis en place.
- "Ne s'écroule pas" -
Les données officielles, qui rendent compte de l'état de l'économie avec un temps de retard, n'ont pas commencé à montrer ce que la plupart des experts anticipent du fait du chambardement douanier: moins de croissance, plus d'inflation et de chômage.
L'économiste de Nationwide Kathy Bostjancic repère toutefois un "ralentissement du marché du travail qui devrait s'accentuer dans les mois à venir".

Emplois supplémentaires créés par l'économie américaine par mois depuis 2021, selon le département du Travail des États-Unis ( AFP / Samuel BARBOSA )
"Les entreprises sont vraiment dans une posture attentiste. Elles n'arrivent pas encore à mesurer l'impact des droits de douane sur l'économie et leur activité. Donc elles n'embauchent pas beaucoup. Mais elles ne licencient pas beaucoup non plus", a-t-elle décrit à l'AFP.
Pour l'heure, Kathy Kostjancic ne voit donc pas de raison qui pousserait la Fed à sortir du statu quo sur les taux: "Les créations d'emploi ne sont pas en train de s'effondrer et le chômage reste bas."
Samuel Tombs, de Pantheon Macroeconomics, résume dans une note: le marché du travail "se fissure mais ne s'écroule pas".
Le ministère du Travail rapporte vendredi que "l'emploi a continué à progresser dans les secteurs de la santé, des loisirs et de l'hôtellerie-restauration, ainsi que dans celui de l'action sociale".
A l'inverse, "l'Etat fédéral a continué à perdre des emplois".
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump s'emploie à réduire la taille de l'administration. Celle-ci compte 22.000 emplois en moins en mai, et 59.000 depuis janvier, sur une masse salariale de près de trois millions incluant les services postaux.
Samuel Tombs considère que c'est "dû au gel des embauches" décidé par l'exécutif, qui fait que des départs ne sont pas remplacés, "plutôt que le résultat de coupes actives dans les effectifs".
Nombre d'employés fédéraux ont opté pour une offre de départ différé, leur permettant de rester payés jusqu'à l'automne, période à partir de laquelle les experts s'attendent à voir un impact plus significatif.
L'industrie, érigée au sommet des priorités du gouvernement et que Donald veut revigorer avec ses droits de douane, a aussi perdu des emplois en mai (-8.000).
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